Un chauffeur italien d’origine sénégalaise avait retenu en mars 2019 une cinquantaine de collégiens pour protester contre le sort dramatique des migrants en Méditerranée. Il a été condamné mercredi à 24 ans de réclusion par la cour d’assises de Milan. Il voulait agir au nom « des milliers d’Africains morts en Méditerranée » : Ousseynou Sy, un chauffeur de bus d’origine sénégalaise, naturalisé italien en 2004, a été condamné, mercredi 15 juillet, à 24 ans de réclusion pour la prise d’otage de 51 enfants en mars 2019 à Créma près de Milan, dans le nord de la péninsule.
Avec ce verdict relayé par les médias italiens, la cour d’assises de Milan a suivi le réquisitoire du parquet qui avait accusé ce quadragénaire de « séquestration avec un objectif terroriste » et avait demandé une peine de 24 ans de réclusion.
Chauffeur de profession, Ousseynou Sy avait dérouté son véhicule vers l’aéroport de Milan avec 51 collégiens à bord. « Je voulais aller sur la piste de l’aéroport (…) avec les enfants que j’aurais utilisés comme un bouclier, et de là partir en avion pour l’Afrique de manière éclatante », avait-il expliqué lors de l’un de ses premiers interrogatoires.
Bloqué sur la route par des carabiniers, l’homme avait alors répandu de l’essence dans le bus avant d’y mettre le feu. Tous les enfants étaient parvenus in extremis à s’échapper à travers des vitres arrières brisées par les militaires alertés en cachette par deux élèves qui se trouvaient dans le véhicule. Ces deux adolescents, un Égyptien et un Marocain, avaient, par la suite, été naturalisés italiens.
« J’ai perdu trois enfants en mer »
Lors d’une conférence de presse tenue peu après l’incident, le chef de la cellule anti-terrorisme de Milan, Alberto Nobili, avait indiqué qu’Ousseynou Sy avait « agi comme un loup solitaire », sans liens avec l’islamisme radical. Ses actes avaient toutefois été « prémédités » plusieurs jours auparavant. Selon Alberto Nobili, Ousseynou Sy « voulait que le monde entier puisse parler de son histoire ». Dans une vidéo YouTube diffusée avant la prise d’otage, l’homme avait notamment tenté d’expliquer son point de vue et ses intentions à ses proches à Créma ainsi qu’au Sénégal, et plus largement à l’ensemble des Africains, appelant à un soulèvement contre les politiques migratoires européennes.
Il a affirmé avoir lui-même être victime de ces politiques. « J’ai perdu trois enfants en mer », avait affirmé l’homme, selon le témoignage d’un adolescent diffusé sur les sites internet des médias italiens. Divorcé de son épouse italienne, il a aussi deux enfants adolescents.
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