Mercredi 15 septembre à Kinshasa, une manifestation de l’opposition, interdite par les autorités, a été rapidement réprimée par la police, qui a procédé à des interpellations, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des photos et vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont également montré l’interpellation brutale d’un journaliste congolais, Patient Ligodi, correspondant de Radio France internationale (RFI). Dans un communiqué, les correspondants congolais de la presse internationale en République démocratique du Congo (RDC) ont dénoncé cette « interpellation musclée et sauvage ». Leur confrère « s’est pris des coups, ses bourreaux se sont assis sur lui dans la voiture » où « il étouffait complètement », ont-ils noté, exigeant que « les policiers auteurs de ces brutalités soient arrêtés et poursuivis ».
« Nous proposons de décider d’un embargo sur les activités étatiques si nous constatons que l’ordre venait du gouvernement », ont-ils ajouté.
RFI a également « condamné fermement les violences policières et agissements liberticides subis » par son correspondant. Selon la radio, le journaliste a été « éjecté » du véhicule de police dans lequel il avait été embarqué, alors que celui-ci « était en marche ». Il est « maintenant hors de danger », ajoute RFI dans un communiqué. La radio « apporte tout son soutien » à son correspondant et appelle les autorités congolaises à « prendre toutes les mesures nécessaires contre de tels agissements ».
Gaz lacrymogène à Lubumbashi
En début de matinée, un important dispositif policier était visible sur plusieurs kilomètres, du palais du Peuple (siège du Parlement) jusque dans le district populaire de la Tshangu. Au moins huit personnes ont été interpellées et d’autres malmenées par des policiers. Des policiers à bord de deux jeeps ont rapidement dispersé une vingtaine de personnes qui tentaient de marcher dans un quartier de la commune populaire de Ndjili. Un peu plus loin, plusieurs groupes de policiers ont interdit aux vendeurs d’un marché, au bord du boulevard Lumumba, d’étaler leurs marchandises et demandé aux autres personnes présentes de se disperser.
L’appel à manifester avait été lancé par la plateforme politique Lamuka. L’ancien premier ministre Adolphe Muzito, un de ses leaders, a accusé « la soldatesque de Tshisekedi d’avoir réprimé […] une marche pacifique ». Ancien opposant, le président Félix Tshisekedi est arrivé au pouvoir en janvier 2019, succédant à Joseph Kabila (2001-2019). La prochaine élection présidentielle est prévue en décembre 2023, mais la nomination des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est au point mort depuis plusieurs semaines.
La manifestation avait été interdite pour ce mercredi par la mairie, qui l’avait renvoyée à vendredi. « Les manifestants ont été empêchés de se rassembler. C’est dommage de voir ça pour un pouvoir qui est pourtant animé par des gens qui avaient lutté pendant de nombreuses années pour un Etat de droit », a déploré Adolphe Muzito dans une interview à l’AFP. La marche visait à dire non à une « CENI politisée », au « glissement » (report) de la présidentielle et à « la fraude électorale en 2023 », a ajouté l’opposant.
L’appel à manifester avait également été lancé dans d’autres provinces. A Lubumbashi, deuxième ville du pays, dans le sud-est, la manifestation a été dispersée par la police à coups de gaz lacrymogène. Une dizaine de manifestants ont déposé un « mémorandum » au consulat de la Belgique, a constaté un correspondant de l’AFP.
AFP et Lemonde