Lundi 31 janvier, les autorités maliennes ont sommé l’ambassadeur de France de quitter le territoire dans un délai de 72h. Un épisode de plus dans l’escalade des tensions politiques entre Bamako et Paris, qui ne font que grandir depuis la prise de pouvoir de la junte militaire. Le Mali a subi deux coups d’État successifs, en août 2020 et mai 2021. Juste après ce putsch, Emmanuel Macron annonce le 10 juin dernier la réduction de l’opération Barkhane, et la fermeture de trois bases françaises au Nord du Mali.
Des déclarations dont s’empare alors la junte militaire, qui surfe sur un sentiment anti-français croissant au sein de la population, et qui multiplie depuis les “provocations”, selon le terme employé par la ministre des armées, Florence Parly.
Multiplication des “provocations”
C’est d’abord le report des élections prévues initialement en février, puis le refus d’associer les partenaires des États ouest-africains de la Cédéao aux négociations. Le chef de l’État français, qui devait se rendre sur la base de Gao et à Bamako en décembre, annule finalement sa visite.
Officiellement en raison de la crise sanitaire en France, mais aussi à cause de ces désaccords diplomatiques. Malgré les tensions politiques, sur place, les militaires nous assuraient encore fin décembre que la coopération militaire avec les autorités maliennes était “excellente”.
La Cédéao ferme ses frontières avec le Mali et met le pays sous embargo et Paris dénonce la présence au Mali des mercenaires russes de Wagner, démentie par les autorités maliennes, ce qui jette encore de l’huile sur le feu.
Mise en péril de la force Takuba
Plus récemment, le renvoi du Mali du contingent militaire danois, présent au sein du groupement européen Takuba, provoque une nouvelle fois la colère de la France. Cette action de la junte met en péril ce groupement de forces spéciales, initiée par la France et censée illustrer la coopération militaire européenne. Elle est qualifiée d’“irresponsable” par Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.
Si l’armée française assure aujourd’hui que les opérations continuent sur le terrain, en coopération avec les forces maliennes, elle est désormais dans l’attente d’une décision politique.
“Pas à n’importe quel prix”
“On ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix. Les conditions de notre intervention sont rendues de plus en plus difficiles”, indiquait encore sur France Inter le 29 janvier la ministre des armées.
Quitter le Mali serait une décision lourde de conséquences: depuis 2013, la France a déployé plus de 5.000 soldats au Sahel, avant de décider en 2021 de réduire la voilure. Un retrait des troupes se ferait dans un contexte extrêmement tendu et face à une population de plus en plus hostile à la présence française.
Huffingtonpost