Depuis deux semaines, le feuilleton fait les gros titres de la presse américaine. Matt Gaetz, jeune élu de Floride à la Chambre et grand supporteur de Donald Trump, se retrouve embourbé dans une affaire qui pourrait bien faire imploser sa carrière. Soupçonné d’avoir payé pour des relations sexuelles, potentiellement avec une mineure de 17 ans, Gaetz se dit depuis le début victime d’une tentative d’extorsion et assure qu’il ne démissionnera pas. Mais chaque jour amène son lot de révélations, et ni ses collègues, ni Donald Trump ne se bousculent pour venir à son secours.
De quoi est soupçonné Matt Gaetz ?
Fin mars, le New York Times révèle que le parlementaire, âgé de 38 ans, est visé depuis des mois par une enquête sur des soupçons d’« exploitation sexuelle de mineure ». Les lois américaines sont telles que si Matt Gaetz a réglé des frais (hôtel, avion) pour faire voyager des jeunes femmes en dehors de leur Etat et avoir des relations sexuelles tarifées, les charges pourraient même atteindre le niveau de « sex trafficking ». Selon CBS, les autorités américaines s’intéressent notamment à un voyage aux Bahamas. Certaines dépenses sur son budget de campagne sont également scrutées, dans l’affaire politico-sexuelle la plus médiatique depuis la chute des démocrates Anthony Weiner en 2011 et Eliot Spitzer en 2008.
Une tentative d’extorsion ?
Depuis le début, l’élu assure qu’il n’a « jamais payé pour des relations sexuelles » et que toutes ses partenaires avaient plus de 18 ans. Gaetz se dit victime d’une tentative d’extorsion et a publié des SMS envoyés à son père, qui a fait fortune dans le secteur de la santé en revendant son entreprise pour plusieurs centaines de millions de dollars au début des années 2000.
David McGee, un avocat passé par le département de la justice, indique à Don Gaetz que son fils est sur le point d’être « inculpé » mais assure qu’il peut « faire disparaître ses problèmes » grâce à ses contacts. L’affaire prend des airs de roman d’espionnage de Tom Clancy : l’avocat jure être en train de négocier une rançon pour faire libérer Robert Levinson, un Américain disparu en Iran depuis 2007, et qui est présumé mort par les autorités américaines. McGee évoque un prêt de 25 millions de dollars. Matt Gaetz affirme que son père a contacté le FBI et a même porté un micro lors de sa rencontre avec l’avocat, un point confirmé par un procureur adjoint de Floride.
Des reçus Venmo problématiques
Problème pour Gaetz, même si cette tentative d’extorsion était avérée, cela ne signifie pas que l’enquête originelle le visant n’est pas sérieuse, loin de là. Ses soucis semblent liés à un ex-élu de l’administration fiscale de Floride, Joel Greenberg. Inculpé pour « trafic sexuel », ce dernier va plaider coupable et collaborer avec les autorités. La semaine dernière, son avocat a estimé que Matt Gaetz ne devait sans doute « pas dormir tranquille ».
Selon une enquête du Daily Beast, en mai 2018, Matt Gaetz a transféré 900 dollars à Joel Greenberg via l’app de paiement Venmo, lui disant de « contacter » une jeune fille. Le lendemain, Greenberg a transféré 300 dollars à trois jeunes femmes, dont celle mentionnée par Gaetz. Greenberg est soupçonné d’avoir eu des relations sexuelles avec cette dernière quand elle avait 17 ans. Et si elle avait 18 ans au moment de la transaction financière, les autorités cherchent à déterminer si Matt Gaetz a eu des relations sexuelles avec elle avant, quand elle était mineure.
Depuis deux semaines, les révélations s’enchaînent. Selon les médias américains, le représentant et d’autres personnes auraient pris de l’ecstasy. Matt Gaetz avait également l’habitude de montrer des photos nues de ses partenaires à ses collègues de la Chambre. Et un ancien élu local de Floride affirme que dans les années 2010, Gaetz et d’autres avaient inventé un système de classement à points basé sur leurs conquêtes.
Soutien très timide de Donald Trump
Elu à la Chambre en novembre 2016 en même temps que Donald Trump à la Maison Blanche, Matt Gaetz est devenu l’un des défenseurs les plus farouches du président avec son compère Jim Jordan. Lors de second procès de Trump, Gaetz, un ancien avocat, avait offert dans un geste chevaleresque de démissionner pour pouvoir représenter Donald Trump, regrettant de n’avoir « qu’une seule carrière à lui offrir ».
Mais le seul soutien de l’ex-président est venu sous la forme d’un communiqué de presse laconique. Donald Trump a assuré que Matt Gaetz ne lui avait « jamais demandé de grâce », contrairement à ce qu’affirme le New York Times, soulignant que l’élu « nie totalement » les accusations. Selon les médias américains, Trump, qui a lui-même été embourbé dans plusieurs scandales sexuels, souhaiterait en faire davantage mais ses conseillers l’auraient supplié de garder ses distances. A l’heure actuelle, Matt Gaetz est radioactif.
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