Friture sur la ligne entre la Pologne et les États-Unis. Les deux pays sont depuis mardi 8 mars plongés dans un imbroglio diplomatique au sujet de la livraison (ou non) d’avions à l’Ukraine, pays qui résiste à l’invasion russe depuis près de deux semaines. Que s’est-il passé? Depuis plusieurs jours, le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelle les Occidentaux à lui venir rapidement en aide, notamment en lui fournissant du matériel militaire, dont des avions de combat. Problème, aucun pays, dont les États-Unis et la Pologne, ne veut apparaître partie prenante au conflit, de peur d’envenimer la situation avec Vladimir Poutine.
C’est pourquoi la Pologne a pris les Américains par surprise mardi soir en se disant “prête à déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions Mig-29 sur la base de Ramstein (en Allemagne). Elle veut ainsi les mettre à la disposition du gouvernement des États-Unis”, pour que ces derniers les livrent à l’Ukraine, selon un communiqué du ministère polonais des Affaires étrangères.
Des avions que les Ukrainiens savent piloter
“En même temps, la Pologne demande aux États-Unis de lui fournir des avions d’occasion ayant les mêmes capacités opérationnelles. La Pologne est prête à fixer immédiatement les conditions de l’acquisition” de ces appareils, a poursuivi le ministère.
Les Mig-29 sont hérités de la période soviétique et font partie des avions que savent déjà piloter les Ukrainiens. La livraison d’autres types d’avions nécessiterait une formation de plusieurs semaines, impossible au vu du contexte actuel dans le pays.
Mais Washington a rejeté sèchement la proposition de Varsovie. “Nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit viable”, a indiqué le porte-parole du Pentagone John Kirby dans un communiqué, estimant que cette offre était source de “sérieuses préoccupations” pour l’Otan.
Car un risque d’accrochage entre l’Alliance atlantique et des forces russes -que pourrait engendrer un avion volant dans l’espace aérien ukrainien contrôlé par Moscou- pourrait dégénérer si la Russie voyait une telle assistance militaire comme une implication directe de l’Otan dans la guerre avec l’Ukraine. Vladimir Poutine pourrait décider d’attaquer un pays membre de l’Alliance en guise de rétorsion. Alors, tous les autres pourraient être amenés à le défendre, conformément à l’article 5 du traité, laissant craindre une escalade pouvant aller jusqu’à une éventuelle Troisième Guerre mondiale.
Un “scénario potentiellement dangereux”, met en garde la Russie
Le Kremlin a justement réagi, ce mercredi 9 mars, en estimant que la démarche proposée par la Pologne aux États-Unis créait un “scénario potentiellement dangereux”.
“Nous remercions la Pologne”, a pour sa part salué Volodymyr Zelensky, regrettant qu’“aucune décision” “n’ait (encore) été prise” par les Occidentaux, au 14e jour de l’invasion russe. Et d’exhorter dans une vidéo sur sa chaîne Telegram: “Prenez une décision au plus vite, envoyez-nous des avions!”
Seuls quelques pays d’Europe de l’Est, anciens membres du Pacte de Varsovie, disposent officiellement dans leur flotte de Mig-29 soviétiques, dont les capacités antiaériennes sont celles qui correspondent le plus aux besoins ukrainiens pour combattre la chasse russe.
Certains Etats membres de l’Union européenne, dont la Pologne, sont disposés à fournir des avions de combat aux forces armées ukrainiennes, selon Bruxelles.
AFP et Huffingtonpost