Des missiles de croisière et des drones, utilisés dans quatre attaques en 2019 contre l’Arabie Saoudite, « sont d’origine iranienne » avec des éléments exportés en Iran ou fabriqués en Iran, affirme un rapport du secrétaire général de l’ONU remis jeudi au Conseil de sécurité. « L’ONU manque d’expertise pour mener des enquêtes sophistiquées » et « l’Iran rejette catégoriquement les observations du rapport » sur son implication dans les attaques en Arabie Saoudite ou des armements saisis par les États-Unis, a réagi vendredi dans un communiqué la mission iranienne auprès des Nations Unies.
Le rapport d’Antonio Guterres sur l’application de la résolution 2231 avalisant en 2015 l’accord nucléaire avec l’Iran détaille l’examen de débris de missiles de croisière et de drones ayant servi dans les attaques d’installations pétrolières saoudiennes à Afif, en mai 2019, à Abqaiq et Khurays, en septembre 2019 et de l’aéroport international Abha en juin et août 2019.
« Le secrétariat estime que les missiles de croisière et/ou certains de leurs éléments utilisés dans les quatre attaques sont d’origine iranienne », indique le document.
Concernant les engins aériens ayant servi aux attaques contre des installations pétrolières saoudiennes en mai et septembre 2019, « le secrétariat estime que les drones ou certains de leurs éléments utilisés dans les deux attaques sont d’origine iranienne », ajoute le chef de l’ONU.
En septembre, les attaques multiples contre les sites pétroliers de l’entreprise saoudienne Aramco avaient été spectaculaires, provoqué d’importants dégâts et réduit momentanément de moitié la production saoudienne d’or noir.
Fin septembre, la France, l’Allemagne et le Royaume Uni avaient rejoint les États-Unis pour accuser Téhéran d’être « responsable » des attaques.
Le rapport se penche aussi sur des saisies d’armement faites par les États-Unis au large du Yémen, vraisemblablement à destination des rebelles Houthis, les 25 novembre 2019 et 9 février 2020.
Des armes ou des éléments de ces armes « sont d’origine iranienne » ou ont des caractéristiques similaires à des productions iraniennes, précise le rapport en évoquant des lanceurs de missiles produits en 2016, 2017 et 2018 et des viseurs d’armes optiques livrés à l’Iran entre février 2016 et avril 2018.
Des pièces « ont pu être transférées de manière incompatible avec la résolution 2231 », note le secrétaire général de l’ONU en relevant aussi que certaines d’entre elles sont identiques ou similaires à des éléments trouvés dans les attaques menées contre l’Arabie Saoudite en 2019.
Dans une lettre datée du 22 mai, l’Iran a indiqué qu' »il n’était pas dans (sa) politique d’exporter des armes en violation des embargos sur les armes décrétés par le Conseil de sécurité », rapporte le chef de l’ONU. Téhéran a aussi fait valoir que « la résolution 2231 n’interdisait pas un transfert d’armes à partir de Téhéran », ajoute-t-il.
Dans son communiqué vendredi, la mission iranienne affirme que le rapport contient « une série d’inexactitudes graves ». Elle souligne aussi que ses conclusions « reproduisent les mêmes accusations faites par les États-Unis », y voyant en conséquence la main de Washington.
Le rapport de l’ONU revient enfin sur les lancements de satellites par l’Iran, que les Occidentaux jugent incompatibles avec les termes de la résolution 2231. Ce à quoi s’oppose l’Iran, soutenue par la Russie, en vertu d’une interprétation différente du texte.
AFP et France24