
Les jours passent, et la polémique ne cesse de grandir après le fiasco de la finale de Ligue des Champions au Stade de France samedi 28 mai 2022. En cause, les explications définitives du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, arc-bouté sur sa thèse de la fraude massive aux faux billets comme “mal racine” des difficultés observées en amont du match. Une hypothèse qui ne convainc ni en Angleterre, ni en France, où l’opposition accuse le locataire de la place Beauvau de mentir pour masquer l’échec de la stratégie mise en place. Ce mercredi 1er juin, soit quatre jours après le coup de sifflet scellant un nouveau sacre européen pour le Real Madrid, c’est Marine Le Pen qui accuse sur France 2 Gérald Darmanin d’ajouter du bobard au scandale.
“Les faits sont gravissimes et le mensonge du ministre est gravissime”, s’indigne la présidente (en congé) du Rassemblement national, estimant que les explications du ministre ne présentent “ni neutralité, ni vérité, ni probité”. Elle estime qu’“il devrait de lui-même considérer qu’il doit partir”.
“Le scandale c’est le mensonge. Le ministre de l’Intérieur se défausse sur des boucs émissaires britanniques”, a ajouté sur Europe 1 le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, avant de juger: “ce n’est pas seulement un problème de faux billet. On n’a pas su, une fois de plus, maintenir l’ordre”.
La veille, c’est le finaliste de la primaire LR, Éric Ciotti, qui tenait des propos similaires. “Tout le monde sait que la version du ministre de l’Intérieur […] est totalement fausse et mensongère”, déclarait mardi 31 mai le député des Alpes-Maritimes. “La France est capable d’organiser de grands événements, à condition de dire la vérité. C’est un principe assez simple de dire la vérité”, insiste, à gauche, l’ancien chef de l’État François Hollande, ce 1er juin sur BFMTV et RMC.
Darmanin façon Pinocchio
Au delà des attaques qui viennent de ses opposants, le soupçon du mensonge gagne en intensité dans la presse. Ce mercredi 1er juin, Libération publie en Une un portrait du ministre de l’Intérieur façon Pinocchio. En cause, les incohérences de son récit, parmi lesquelles figure la surfréquentation des transports en commun qu’il a évoquée en conférence de presse et qui confirmerait son analyse. Problème: Ile-De-France mobilités a mesuré un trafic “normal” pour un événement de cet ampleur. Des failles dans l’argumentaire du ministre, également pointées par Marianne ou Le Figaro.
Sans rentrer dans la batailles de chiffres, des spécialistes de la sécurité et du maintien de l’ordre pointent moins la responsabilité des 30 à 40.000 supporters de Liverpool munis de faux billets ou dépourvus de tickets (ce qui est la thèse de Gérald Darmanin) qu’un sérieux déficit “d’anticipation” et “d’adaptation”.
“Tout ceci n’aurait pas eu lieu s’il n’y avait pas eu toute la problématique extrêmement mal gérée des flux de personnes”, explique à l’AFP Mathieu Zagrodzki, chercheur spécialisé en sécurité intérieure.
Selon un haut gradé de la gendarmerie, également cité par l’AFP, la préfecture de police n’a impliqué ni la gendarmerie, ni les CRS dans la préparation du dispositif de sécurité “alors que la majorité des effectifs déployés autour du stade de France étaient des gendarmes”. Cette même source regrette aussi “l’omniprésence” des politiques sur ce type d’événements.
“Que fait un ministre (celui de l’Intérieur Gérald Darmanin et celle des Sports Amélie Oudéa-Castéra, NDLR) dans la salle de commandement” du Stade de France?”, interroge-t-il. Une question parmi d’autres auxquelles le ministre de l’Intérieur, et sa collègue des Sports, auront à répondre ce mercredi après-midi devant la Commission d’enquête du Sénat.
Huffingtonpost