La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a estimé mercredi que la Chine et d’autres pays d’Asie comme le Cambodge et les Philippines avaient durci leur « censure » depuis la pandémie de Covid-19.
Dans un communiqué détaillant les actions menées dans plusieurs pays, elle indique qu’en Chine son cabinet a reçu des informations sur plus d’une douzaine de cas de professionnels de santé, d’universitaires et de citoyens ordinaires qui semblent avoir été détenus, et dans certains cas inculpés, pour avoir publié leurs opinions ou d’autres informations sur la situation liée au Covid-19, ou qui ont critiqué la réponse du gouvernement à l’épidémie.
Ces cas incluent deux jeunes étudiants diplômés qui auraient été détenus en avril après avoir mis en place une banque de contenus en ligne sur l’épidémie de Covid-19 en Chine, selon la Haut-Commissaire.
Plus généralement, elle se dit alarmée par la répression de la liberté d’expression » en Asie depuis que le nouveau coronavirus a été signalé fin décembre en Chine, soulignant que la pandémie a entraîné « un nouveau durcissement de la censure dans plusieurs pays » de la région.
Selon l’ONU, « des arrestations de personnes ayant exprimé leur mécontentement ou prétendument diffusé de fausses informations dans la presse et les médias sociaux ont été signalés au Bangladesh, au Cambodge, en Chine, en Inde, en Indonésie, en Malaisie, en Birmanie, au Népal, aux Philippines, au Sri Lanka, en Thaïlande et au Vietnam ».
Ainsi, en Inde, plusieurs journalistes et au moins un médecin ont été inculpés pour avoir critiqué publiquement la réponse des autorités à l’épidémie, a-t-elle précisé, soulignant qu’à Bombay, la police a adopté une ordonnance interdisant aux personnes d’inciter à « la méfiance envers les fonctionnaires du gouvernement et leurs actions prises » face à la pandémie.
Et en Indonésie, au moins 51 personnes auraient fait l’objet d’une enquête pour avoir prétendument diffusé de « fausses nouvelles » sur la pandémie, tandis qu’au Cambodge, l’ONU a documenté l’arrestation de 30 personnes, dont une jeune fille de 14 ans, pour avoir fait des commentaires publics sur le Covid-19 ou publié des messages à ce sujet dans les médias sociaux.
« En ces temps de grande incertitude, les professionnels de santé, les journalistes, les défenseurs des droits humains et le public en général doivent être autorisés à exprimer leurs opinions sur des sujets d’intérêt public ayant une importance vitale, tels que (…) la gestion de la crise socio-économique et sanitaire, ainsi que la distribution de matériel de secours », a déclaré Mme Bachelet, citée dans un communiqué.
« Cette crise ne doit pas être utilisée pour faire taire la dissidence ou limiter la libre circulation de l’information et les débats », a-t-elle ajouté, faisant valoir que lutter contre la désinformation ne doit pas se traduire par de la censure.
AFP