Viendra ? Viendra pas ? Nouakchott tout entier s’interroge : l’ancien chef d’Etat acceptera-t-il d’être interrogé par la Commission d’enquête parlementaire (CEP) constituée le 31 janvier, et chargée d’ausculter les dix ans de sa présidence ? Contrairement aux propos du porte-parole de la CEP, la Commission n’a envoyé, à ce jour, aucune convocation à Mohamed Ould Abdel Aziz, confiné dans sa propriété de l’Inchiri (nord-ouest de la Mauritanie) par les règlements sanitaires récemment durcis après la découverte de nouveaux foyers de Covid-19 à Nouakchott.
L’opinion publique suit avec passion les travaux des neuf membres de la CEP, qui auditionnent ministres et hauts fonctionnaires sur dix dossiers de gestion controversée : le fonds des recettes pétrolières, la vente des biens immobiliers publics dans la capitale, le contrat avec la société de pêche chinoise Poly Hong Dong, la gestion de la Fondation de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), le marché de l’éclairage solaire, le marché du terminal des conteneurs du port de Nouakchott, la liquidation de la SONIMEX, entreprise publique d’import-export de produits alimentaires, auxquels ont été rajoutés les marchés de l’électricité de la SOMELEC, ceux des infrastructures (routes, aéroport, ports, aménagements) et ceux de la SNIM et sa politique commerciale.
Omniprésence, omnipotence
Cette liste comprend les principaux secteurs que ses ennemis accusent l’ancien Président d’avoir mis en coupe réglée au profit de ses proches et de lui-même. Les témoignages des personnalités entendues jusque là sont comparables à celui de l’ancien Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Lagdhaf, qui a déclaré à propos du contrat d’exploitation des ressources halieutiques signé avec Poly Hong Dong : « Mohamed Ould Abdel Aziz m’a demandé de laisser ce dossier afin qu’il en assure personnellement le suivi. Je n’ai pas été mêlé à la gestion de dossiers faisant l’objet de suspicions. J’étais plutôt concentré sur des affaires relatives à l’enseignement, à l’eau potable, etc. abandonnant tout ce qui avait trait aux finances, à l’énergie, aux mines et à la pêche au Président ».
JeuneAfrique