L’Afrique subsaharienne, mise à l’épreuve par la pandémie liée au coronavirus, devrait avoir besoin d’ici à 2023 de 890 milliards de dollars (environ 750 milliards d’euros) de financements extérieurs, soit 55 % du PIB de la région, a chiffré jeudi 22 octobre le Fonds monétaire international (FMI), qui appelle le G20 à faire preuve de plus « d’audace ». Le FMI rappelle dans un rapport économique régional que le continent était sur une trajectoire de réduction de sa dette quand la pandémie a éclaté. Las, le ratio dette sur PIB devrait grimper à 65 % d’ici à la fin de 2020, alors qu’il s’était stabilisé autour de 55 %. Pour les pays pétroliers comme le Nigeria, confrontés à une baisse des exportations et des prix de l’or noir, ce ratio devrait dépasser 68 %.
Dans ce contexte, les pays d’Afrique subsaharienne devraient avoir besoin de 890 milliards de dollars de financements extérieurs : la moitié (480 milliards) pour refinancer leur dette extérieure, le reste pour financer leur déficit public. Sur ce total, « moins de la moitié » des fonds devraient venir de créanciers privés et « environ le quart » des institutions financières internationales et des créanciers bilatéraux, note l’institution basée à Washington, qui s’appuie sur les engagements actuels des prêteurs. Le reste des fonds n’étant pas « identifié », le continent fait face à un « déficit financier » de l’ordre de « 290 milliards de dollars » pour la période 2020-2023.
Réduire les intérêts ou rééchelonner les échéances
Tout en saluant le moratoire mis en place en avril par le G20 (connu sous le nom de « Debt Service Suspension Initiative ») et la décision récente de le prolonger jusqu’en juin 2021, le FMI estime que « des actions plus audacieuses sont nécessaires ». Lui-même précise avoir apporté une aide de 16 milliards de dollars à la région au cours des six derniers mois. Critiquant des délais trop longs dans l’approbation des mémorandums, le FMI invite les pays du G20 à donner plus d’air aux pays d’Afrique subsaharienne pour leur permettre de lutter contre la pandémie, que ce soit en réduisant les intérêts de la dette ou en rééchelonnant les échéances.
A ce jour, 46 des 73 pays les plus pauvres ont demandé à bénéficier de la suspension du service de la dette, la plupart en Afrique, mais l’initiative n’a porté que sur « 1,66 % » des paiements de la dette des pays pauvres cette année, a déploré le Réseau européen sur la dette et le développement (Eurodad), « en raison de la réticence des prêteurs privés et multilatéraux à y participer ».
AFP et Lemonde