Les viandes rouges revêtent une grande importance dans l’alimentation en général et constituent l’une des composantes des mets mauritaniens d’une manière particulière, du fait de leur grande valeur alimentaire. Aussi, on peut utiliser les viandes rouges de façon positive pour la santé des populations. Elles peuvent avoir également des incidences négatives sur la santé humaine, surtout en cette période où sévissent certaines épidémies dont les virus se transmettent facilement de l’animal à l’homme.
On remarque que le métier de boucher en Mauritanie a connu au cours des dernières années l’afflux de certains étrangers venus officier leurs talents dans notre pays, ce qui a suscité des préoccupations au sein des bouchers locaux qui se plaignent de la baisse de leurs recettes, en raison de la préférence de certains clients des bouchers étrangers dont les services, disent-ils, sont de meilleure qualité.
Dans une interview avec l’Agence Mauritanienne d’Information, le directeur général de la Société des abattoirs de Mauritanie, M. Mohamed Saleck Ould Mohamed H’Meyid, a insisté sur le rôle joué par cette entreprise en vue de rendre disponibles les viandes jusque l’assiette du consommateur.
Il a ajouté que l’abattage des animaux est toujours précédé par des analyses préliminaires, suivis d’autres menées par le vétérinaire avant la mise du produit sur le marché.
Le directeur général de la Société des abattoirs de Mauritanie a précisé que la responsabilité de l’entreprise se termine après la livraison des viandes aux vendeurs, soulignant que dès lors les autorités administratives et municipales deviennent les responsables directs du suivi des produits exposés dans les étals.
Il a noté que le nombre de têtes de camelins abattus à Nouakchott quotidiennement est de 120 contre 150 pour les bovins, soulignant que la société représente l’État et que c’est à elle qu’incombe la responsabilité d’assurer les conditions nécessaires pour la consommation des viandes.
Il a précisé que le secteur connait une anarchie, due au manque d’organisation des boucheries donnant libre cours à la pratique de la profession à plusieurs individus non autorisés, remarque-t-il en insistant sur l’importance des richesses animales et leur contribution encore très limitée dans le circuit économique.
Il a loué le rôle joué par l’AMI dans l’éveil des citoyens et par rapport à la nécessité d’éviter les dangers et d’observer la rigueur dans le domaine de l’alimentation.
Le directeur général a indiqué que l’abattoir de Tinweich observe les normes internationales et veille à rendre disponible de manière continue une viande propre à la consommation, précisant qu’il dispose d’un centre vétérinaire pour examiner les animaux avant leur abattage et d’un poste de police chargé de gérer la situation sécuritaire et de traiter les dysfonctionnements éventuels.
Il a aussi noté que l’abattoir dispose d’une équipe pour l’assainissement des infrastructures, chargée de transporter les déchets vers un lieu éloigné.
S’agissant de la méthode de transport des viandes, le directeur général a précisé que le transport n’est pas du ressort de l’abattoir, dont le rôle se termine au dernier examen des animaux effectué par le vétérinaire, précisant que les viandes passent par différentes étapes qui concernent plusieurs intervenants.
Aussi, a-t-il dit, toute défaillance de l’un de ces intervenants se répercutera sur les autres composantes de la chaîne, anéantissant ainsi tous les efforts déployés.
Il a attiré l’attention sur les dangers de l’anarchie qui règne notamment dans les lieux de vente des viandes et en ce qui concerne le non respect par les vendeurs des normes sanitaires, précisant que les médias ont un rôle important à jouer dans ce sens.
Le directeur général a précisé que les pays voisins disposent de marchés destinés uniquement à la vente des viandes qui sont différents de ceux des habits par exemple et des autres marchés spécialisés.
Il a noté que le marché se base sur des politiques de compétitivité, insistant sur la nécessité de maitriser les trois maillons de l’opération : l’abattoir, le transport et le marché, car tous sont interdépendants.
Concernant les mesures de prévention de la pandémie du Coronavirus, le directeur général a indiqué que la société a aménagé un lieu pour le lavage des mains et la désinfection.
Il a indiqué que les éleveurs sont réticents et refusent d’aller au nouveau marché aux bétails. Il a souligné que le programme du Président de la République, Son Excellence M. Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, vise à organiser le marché aux bétails et à le moderniser, de façon à ce que les usagers bénéficient des divers produits.
Il a ajouté que le ministère du développement rural a aménagé ce lieu pour que les viandes soient sûres, à un niveau élevé de sécurité, soulignant que le programme de Son Excellence le Président de la République comporte une composante visant à ce que le citoyen bénéficie de manière optimale de nos richesses animales, ce qui suppose la mise en place d’infrastructures appropriées, autrement dit des marchés aux bétails répondant aux normes internationales.
A son tour, le docteur vétérinaire, M. Mohamed Ould Mohamed Lemine El Hadrami, a indiqué que l’équipe vétérinaire présente sur les lieux s’acquitte des tâches qui lui sont dévolues au sein de l’abattoir. Il a affirmé que les viandes passent par une chaîne longue et complexe d’étapes, ce qui les expose à une contamination, en raison de plusieurs facteurs, précisant que chaque phase et supervisée par des gens affectés à cet effet.
Il a affirmé que le ministère a franchi d’importantes étapes dans la réforme de ce volet qu’il est à propos de saluer, notamment le financement de bouchers, la construction d’abattoirs modernes au niveau de toutes les moughataas. Il a demandé la mise à disposition de véhicules sûrs et propres pour le transport des viandes aux divers marchés.
Le président du syndicat libre de distribution de viandes, Taouvigh, M. Abdou Ould Mohamed, a dit que sa corporation s’efforce de moderniser ses méthodes de travail, ce qui nécessite les moyens nécessaires. Il a souligné que le syndicat ne ménage aucun effort pour l’application stricte des mesures de précaution contre la pandémie du Covid 19, appelant à une réforme globale propre à mettre fin au désordre et au laxisme qui règnent dans le secteur.
Pour ce qui concerne le sondage des opinions des bouchers, Mohamed Marakchi, étranger qui vend de la viande au carrefour Tinsoueilim, a affirmé que sa boucherie respecte toutes les procédures sanitaires et est en totale conformité avec les lois en vigueur, dit-il, en évoquant les efforts consentis en matière d’hygiène, de propreté, de salubrité, de qualité de la conservation à haute température sans rupture de la chaîne de conservation, tout en assurant que les viandes ne soient pas exposées à la pollution et à tous autres risques. Il a insisté sur le fait qu’il travail avec des partenaires mauritaniens au marché aux viandes dans une ambiance de coopération et de respect mutuel.
M. Brahim Ould Navae, marchand de viandes mauritanien dans la même zone, est du même avis. Il exhorte à l’adoption de nouveaux procédés de vente des viandes, appelant aux gens du métier à améliorer leurs modalités de travail afin de concurrencer les étrangers.
Mme Tarba Mint Youba, ménagère, s’inquiète de l’aspect rébarbatif et de la nonchalance affichés par les bouchers mauritaniens, si bien qu’elle les invite à améliorer leur situation afin d’être compétitifs par rapport à leurs concurrents étrangers.
Elle a ajouté que la Mauritanie s’est modernisée et que la population sait différencier entre les services de qualité et les services de piètre qualité, d’autant que la santé s’en trouve affectée, en bien ou en mal, soulignant que la présence d’étrangers qui nous concurrencent sur ce terrain devrait constituer un facteur d’encouragement pour mieux faire.
AMI