Pour informer de l’évolution de la pandémie, le gouvernement a développé un outil numérique qui permet aussi d’améliorer la prise en charge de nouveaux cas.
Le téléphone vibre. « Alerte coronavirus », peut-on lire sur l’écran en lettres capitales. Dimanche 26 avril, la notification quotidienne de l’application malienne SOS Corona annonce que « 19 nouveaux cas de Covid-19 ont été détectés portant total de cas à 389 ». Plus tard, une autre alerte informera sur le nombre de patients guéris.
Cet outil numérique « permet d’être informé en temps réel de l’évolution de la pandémie dans le pays », explique Ousmane Coulibaly, le chef de projet du développement de l’application, en glissant l’index de bas en haut sur son smartphone. Il clique. « Ici, nous avons un bouton pour tout connaître sur le virus, les symptômes, etc. Là, les différents communiqués ministériels… » Le numéro vert dédié à l’épidémie apparaît en haut de l’écran.
Enfin une option propose, si besoin, de « déclarer un cas ». Une fois l’onglet ouvert, une demande de géolocalisation apparaît. Les informations à remplir « sont envoyées au département de la santé qui peut à ce moment se rendre sur place et faire la prise en charge nécessaire », continue l’ingénieur. En cas de simple doute, un bouton « Se tester » renvoie vers le site maladiecoronavirus.fr créé par le gouvernement français.
Le Mali a beau être l’un des derniers pays d’Afrique de l’Ouest à avoir été officiellement rattrapé par la pandémie, avec deux premiers cas déclarés le 25 mars, le ministère de l’économie numérique et de la prospective avait commencé à préparer le terrain. Mi-mars, l’institution fait appel à l’Agence gouvernementale des technologies de l’information et de la communication (Agetic) pour développer une application et un site Internet visant à sensibiliser les Maliens.
Informations fiables
Deux jours plus tard, « c’était en ligne », souligne Hamed Salif Camara, directeur général de l’Agetic, un soupçon de fierté dans la voix. Le développement de SOS Corona a pourtant été mené de front par une poignée de contributeurs en télétravail, raconte-t-il. « Fatime, en charge du site, n’a jamais mis les pieds au bureau », précise-t-il. Un autre, responsable de la sécurité, était même en autoconfinement depuis son retour d’Inde.
Techniciens du numérique et non scientifiques, les ingénieurs ont mutualisé leurs moyens avec les ressources mondiales existantes et ont travaillé en étroite collaboration avec le ministère malien de la santé et des affaires sociales, aujourd’hui chargé du contenu de SOS Corona. L’information est délivrée auprès de 9 000 Maliens qui ont téléchargé l’application.
Le téléphone vibre à nouveau. « Mesures barrières 1 », indique la notification. « Grâce à cette application, les mesures barrières devraient être bien intégrées et des informations fiables et en temps réel sont mises à la portée des populations », indique par courriel Kamissa Camara, ministre malienne de l’économie numérique, distanciation sociale oblige. Si elle admet qu’il est difficile « d’estimer l’impact des solutions numériques sur la propagation du virus », la ministre constate que « dans les pays les plus touchés par la pandémie, le confinement a augmenté l’utilisation des réseaux sociaux ». Encore faut-il disposer d’un téléphone et d’une connexion. Au Mali, moins de 5 millions de personnes utilisent Internet sur une population de 19 millions d’habitants.
De surcroît, aucun confinement n’a été décrété dans le pays. Seul un couvre-feu est en vigueur, de 21 heures à 5 heures du matin. Et les habitudes et traditions sont tenaces au Mali. Près de trois semaines après la déclaration du premier cas, les échanges de verre de thé de main à la main et la surpopulation dans les transports en commun vont toujours bon train, malgré les mesures prises par le gouvernement.
Le monde