
Des manifestations de colère ont eu lieu, mardi 13 octobre à Sbeïtla, dans le centre-ouest de la Tunisie, où un homme est mort après que la municipalité a détruit le kiosque à journaux dans lequel il dormait. Vers 3 heures du matin, mardi, les autorités locales ont appliqué une décision de destruction d’un point de vente de journaux et de tabac illégal dans un quartier de Sbeïtla, ville de la région de Kasserine. Abderrazek Khachnaoui, le père du propriétaire de ce petit commerce, dormait dans la construction de fortune. Selon son fils, Oussama, il est mort lors de l’opération – une information confirmée à l’Agence France-Presse (AFP) par des sources sécuritaires tunisiennes.
Cette mort a provoqué la colère de dizaines d’habitants, qui ont fermé des routes de la ville et incendié une voiture de la municipalité, ont indiqué des témoins à un correspondant de l’AFP. Les protestataires ont jeté des pierres et des objets sur les forces sécuritaires, a indiqué le porte-parole du ministère de l’intérieur, Khaled Hayouni.
« Les agents de la municipalité ont procédé à la destruction sans vérifier s’il y avait quelqu’un à l’intérieur », a déclaré Oussama Khachnaoui à l’AFP. « Mon père (…) est mort sur le champ. Des agents de sécurité ont tiré du gaz lacrymogène sur ma famille qui avait tenté de s’approcher » du kiosque, a-t-il ajouté.
Plusieurs responsables régionaux limogés
Dans un communiqué, la présidence du gouvernement a apporté son soutien à la famille de la victime et annoncé l’ouverture d’une enquête. « Par précaution », des unités militaires et sécuritaires ont été déployées pour protéger les institutions sensibles de Sbeitla, a ajouté Mohamed Zekri, porte-parole du ministère de la défense.
Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a limogé le préfet et le sous-préfet de la région, ainsi que le chef du district sécuritaire et le chef du poste de police municipale de Sbeïtla, ajoute le communiqué. M. Mechini a demandé au ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, de se déplacer « immédiatement » sur place et d’« offrir un encadrement matériel et moral à la famille de la victime », selon la même source.
Sbeïtla, située à 30 kilomètres du chef-lieu Kasserine, fait partie des villes de l’intérieur tunisien défavorisé où les mouvements de protestation sont récurrents pour réclamer travail et investissements. Le commerce informel, comme la vente de journaux ou de pain, permet à de nombreux jeunes de gagner de quoi aider leur famille.
Alors que la situation économique était déjà difficile en Tunisie, les restrictions mises en place pour ralentir la propagation du nouveau coronavirus ont un impact social dévastateur. Le taux de chômage, qui a grimpé à 18 % et pourrait dépasser 21 % d’ici la fin de l’année au niveau national selon l’Institut national de la statistique, est nettement plus élevé dans les régions intérieures.
AFP et Lemonde