
A group of people thought to be migrants are brought in to Dover, Kent, onboard a Border Force vessel, following a small boat incident in the Channel, England, Monday May 23, 2022. (Gareth Fuller/PA via AP)
Audience électrique ce vendredi à la Haute Cour de Londres, autour d’un projet décrié du gouvernement. Face à des traversées illégales de la Manche toujours plus nombreuses, le Royaume-Uni prévoit de renvoyer au Rwanda des demandeurs d’asile arrivés clandestinement. Une idée qui a fait bondir l’ONU ainsi qu’un syndicat et les associations de défense des droits humains Care4Calais et Detention Action, qui ont lancé mercredi un recours en urgence devant la justice. Selon l’organisation Care4Calais, quelque 35 Soudanais, 18 Syriens, 14 Iraniens, 11 Egyptiens mais aussi 9 Afghans ayant fui les talibans font partie des plus de 130 demandeurs d’asile qui se sont vus notifier leur possible départ le 14 juin. Plus de 90 migrants concernés ont toutefois déjà lancé des recours judiciaires pour rester au Royaume-Uni, affirment des avocats.
Premier avion mardi
Représentant le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), l’avocate Laura Dubinsky a déclaré que l’agence onusienne s’inquiétait du risque de « préjudice grave et irréparable » causé aux réfugiés envoyés au Rwanda, et n’approuvait « en aucun cas l’arrangement anglo-rwandais ». « Le HCR n’est pas impliqué dans l’arrangement entre le Royaume-Uni et le Rwanda, malgré les affirmations contraires de la ministre d’Etat », a-t-elle souligné, accusant le gouvernement de déclarations trompeuses. Elle a ajouté que le HCR avait eu « un certain nombre de réunions » avec le ministère de l’Intérieur britannique, à qui il a signifié que le projet était illégal.
Mais le gouvernement de Boris Johnson a finalement eu gain de cause. Le juge a déclaré qu’il était « important dans l’intérêt public que la ministre de l’Intérieur puisse mettre en œuvre des décisions de contrôle de l’immigration ». Le premier avion transportant 32 migrants vers le Rwanda doit décoller mardi. D’autres vols doivent suivre dans les prochains mois, assure l’avocat du gouvernement, Mathew Gullick. Concernant son projet controversé, le ministère de l’Intérieur britannique a dit dès le départ s’attendre à des recours en justice tout en se disant « déterminé » à le mettre en œuvre et martelant qu’il était « pleinement conforme au droit international et national ».
Déjà 10.000 migrants clandestins cette année
Mais le choix du Rwanda est particulièrement critiqué. Ce pays, dirigé par Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, selon l’ONU, principalement des Tutsi, est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d’expression, les critiques et l’opposition politique. Ce vendredi, vingt-trois ONG ont appelé les dirigeants du Commonwealth à faire pression sur le Rwanda, qui accueille à partir du 20 juin une réunion de l’organisation, pour que ce pays libère des critiques du pouvoir et permette une plus grande liberté d’expression.
Depuis le début de l’année, plus de 10.000 migrants ont traversé illégalement la Manche pour atteindre les côtes britanniques sur des petites embarcations, une hausse considérable par rapport aux années précédentes, déjà marquées par des records. Pour le porte-parole de Boris Johnson, ce plan est « la bonne approche, notamment pour lutter contre les gangs criminels qui exploitent les migrants sur les côtes françaises et les forcent à monter dans des embarcations inaptes à la navigation pour effectuer une traversée incroyablement dangereuse vers le Royaume-Uni ». L’audience finale dans cette affaire aura lieu en juillet.
AFP et 20Minutes