Un “humain extraordinaire, un “mentor”, un “géant” et surtout un “artisan de la paix”. Les réactions se multipliaient en hommage à l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, icône de la lutte contre l’apartheid et prix Nobel de la Paix, après l’annonce de sa mort, ce dimanche 26 décembre à 90 ans. The Arch, comme il était surnommé par les Sud-Africains était affaibli depuis plusieurs mois. Souffrant depuis longtemps d’un cancer de la prostate, il est mort, sans doute de vieillesse, paisiblement à dimanche matin, selon plusieurs proches interrogés par l’AFP. En Afrique du Sud, son décès est vécu comme “un nouveau chapitre de deuil dans l’adieu de notre nation à une génération de Sud-Africains exceptionnels qui nous ont légué une Afrique du Sud libérée”, a déclaré le président Cyril Ramaphosa. La Fondation Mandela a qualifié sa perte d’“incommensurable”: “C’était un être humain extraordinaire. Un penseur. Un leader. Un berger”.
Le président Uhuru Kenyatta a estimé que “le décès de l’archevêque Desmond Tutu est un coup dur non seulement pour la République d’Afrique du Sud (…) mais aussi pour tout le continent africain, où il est profondément respecté et célébré en tant qu’artisan de la paix. ” “L’archevêque Tutu a inspiré une génération de dirigeants africains qui ont adopté ses approches non violentes dans la lutte pour la libération”, a-t-il dit.
“Un géant est tombé. Nous remercions Dieu pour sa vie – une vie bien remplie, véritablement vécue au service de l’humanité”, a écrit sur Twitter Bobi Wine, leader de l’opposition ougandaise.
“Mentor” et “ami”, à l’humour marquant
Mais ses combats, ses engagements – récompensé par un Nobel de la Paix en 1984 – et son franc-parler ont fait de Desmond Tutu un homme connus de tous, au-delà du continent africain, des États-Unis au Tibet, en passant par les instances religieuses du monde entier.
“L’archevêque Desmond Tutu était un mentor, un ami et un phare moral pour moi et tant d’autres”, a déploré sur Twitter Barack Obama. “Esprit universel, l’archevêque Tutu trouvait ses racines dans la lutte pour la liberté et la justice dans son propre pays, mais était également préoccupé par l’injustice où qu’elle se trouve”, a ajouté l’ancien président américain. Bernice King, la fille de Martin Luther King, a écrit sur Twitter que “nous sommes meilleurs parce qu’il était ici (de ce monde, NDLR)”.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est dit “profondément attristé”. “Il a été une figure essentielle de la lutte contre l’apartheid et de la lutte pour la création d’une nouvelle Afrique du Sud. Nous nous souviendrons de lui pour son leadership spirituel et sa bonne humeur irrépressible”, a-t-il ajouté.
La Reine Elizabeth II a salué sa défense “inlassable” des droits humains ainsi que sa “convivialité et son humour”. “Toute la famille royale se joint à moi pour exprimer notre profonde tristesse à l’annonce de la mort de l’archevêque Desmond Tutu, un homme qui a défendu inlassablement les droits humains en Afrique du Sud et dans le monde entier”, a déclaré la souveraine de 95 ans, cheffe du Commonwealth dont fait partie l’Afrique du Sud, dans un message de condoléances. “Je me souviens avec tendresse de mes rencontres avec lui, de sa grande convivialité et de son humour”.
En France, Emmanuel Macron a salué le “combat de Desmond Tutu “pour la fin de l’apartheid et la réconciliation sud-africaine [qui] restera dans nos mémoires”.
Le président du Conseil européen, qui représente les 27 pays de l’UE, Charles Michel, a rendu hommage à “un homme qui a donné sa vie à la liberté avec un engagement profond pour la dignité humaine. Un géant qui s’est dressé contre l’apartheid”.
Une vie “dévouée au service” des autres
Le pape François s’est déclaré “attristé” par cette perte. “Conscient du service rendu à l’évangile par la promotion de l’égalité raciale et de la réconciliation” dans son pays, le souverain pontife “recommande son âme à la miséricorde aimante de Dieu tout-puissant”.
“Dans les yeux de Desmond Tutu, nous avons vu l’amour de Jésus. Dans sa voix, nous avons entendu la compassion de Jésus. Dans son rire, nous avons entendu la joie de Jésus. C’était beau et courageux.”
Le Dalaï Lama a salué un “grand homme, qui a vécu une vie pleine de sens”, “entièrement dévoué au service de ses frères et sœurs”. “L’amitié et le lien spirituel entre nous étaient quelque chose que nous chérissions”, a-t-il dit de son vieil ami.
Le groupe des “Sages”, créé en 2007 par Nelson Mandela et qui rassemble des personnalités publiques travaillant aux grands problèmes mondiaux a célébré une “inspiration” pour le monde dont “l’engagement pour la paix, l’amour et l’égalité” continuera “d’inspirer les générations futures”.
“Les Sages ont perdu un ami cher, dont le rire contagieux et le sens de l’humour espiègle les ont tous ravis et charmés”, a réagi dans un communiqué le groupe qui compte dans ses rangs Ban Ki Moon ou Jimmy Carter.
AFP et Huffingtonpost