
Les 11 et 12 juillet, la Cour de justice de l’Union européenne se penchera sur le conflit entre l’UEFA et les promoteurs de la Super Ligue. L’enjeu : déterminer si l’instance européenne a enfreint les règles de libre concurrence en s’opposant à la création de la compétition. Dans le même temps, Aleksander Ceferin pensera sans doute à son nouveau format de la Ligue des champions et à son espoir de doper les droits TV, dont les candidats français étaient invités à se manifester ce mercredi pour la période 2024-2027. Un format qui, ironie du sort, n’est peut-être pas si éloigné du projet de Super Ligue qu’il décrivait comme « un crachat au visage de tous les amoureux du football ».
Portes « ouvertes »
Dès la saison 2024-2025, des matchs en veux-tu en voilà de septembre à mai (189 contre 125 actuellement), et pas un seul mois sans Ligue des champions, l’irréductible janvier étant tombé au combat. « Avoir plus de clubs et plus de matchs, ce n’est pas la Super Ligue. La Super Ligue, c’est d’avoir toujours les mêmes clubs qui jouent entre eux », se défendait-il dans les colonnes de L’Equipe.
« Dans la formule actuelle, en phase de groupes, on sait quels clubs vont se qualifier après deux ou trois matchs. À partir de 2024, ce ne sera pas si facile, même pour les « grands » clubs », ajoutait Ceferin .Certes, quatre chaises seront ajoutées autour de la table – le nombre de clubs participants passant de 32 à 36 – et le suspense de la première phase durera mécaniquement plus longtemps – puisqu’il y aura plus de rencontres.
« Je ne crois pas que la Ligue des champions soit une Super Ligue déguisée. Ce qu’il faut retenir, en ayant une vision globale, c’est que tout le monde peut participer », soutient auprès de 20 Minutes Daniel Rommedahl, directeur du football au FC Copenhague et membre du board de l’ECA. Pas faux.
« Je trouve que ça ouvre un peu plus les choses, ça laisse plus de possibilités et plus de matchs à enjeu. Aujourd’hui, certains groupes sont déjà joués avant la cinquième ou sixième journée. Il y a moins de chance que ce soit le cas à l’avenir car chaque position importe. Ce sera plus dynamique », développe le Danois. Son club aura une chance supplémentaire d’accéder à la première phase à l’avenir puisque l’un des quatre tickets additionnels reviendra à un champion national via la « voie des champions » des qualifications. Mais les « petits » seront-ils vraiment mieux considérés pour autant ?
On s’était dit rendez-vous en 2024
Pour Dominique Cordier, directeur de l’information de News Tank Football, le nouveau format ne changera pas grand-chose puisque les gros continueront de se partager les belles parts du gâteau : « Depuis 2004, à l’exception du PSG, tous les finalistes de la Ligue des champions sont répartis entre quatre pays (l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne). Sur les dix prochaines années, je pense que ça va se poursuivre, à moins d’une surprise, qui ne fera que confirmer la règle. »
« L’UEFA est sans arrêt sur la défensive, elle est dos au mur face à la menace de la création d’autres compétitions, donc elle est obligée de faire des concessions. Les grands clubs veulent être là quoi qu’il arrive, chaque année, et jouer entre eux. L’UEFA recule sans arrêt, c’est pour ça qu’elle a créé la Ligue des champions en 1992, puis qu’elle a modifié les formats, poursuit notre interlocuteur. Dans cet équilibre, on donne plus aux grands clubs et pour que ça reste politiquement jouable, on donne quelques rétributions aux petits clubs. C’est pour ça qu’on a créé la Ligue Europa Conférence. »
Et un « tournoi d’ouverture » en plus…
Il y a deux semaines, L’Equipe révélait que l’UEFA comptait organiser chaque année un « tournoi d’ouverture » entre quatre cadors du continent mi-août, « sans doute aux Etats-Unis ». Une version upgradée des tournois de pré-saison, où seront encore mis en avant les gros poissons, pour remplir un peu plus les caisses. Anecdotique dans le package de la Ligue des champions new look, mais révélateur.
« Les grands clubs sont contents, beaucoup de clubs de notre segment le sont aussi, reprend Rommedahl. Je pense que ça va dans le bon sens. Maintenant, ça, c’est sur le papier. On verra ce que ça donne en 2024. Là, on pourra juger si c’est une bonne chose, mais je crois vraiment que c’est une meilleure option. » À quel prix…
20Minutes