L’ancien patron de l’athlétisme mondial, Lamine Diack, jugé à Paris pour corruption sur fond de dopage en Russie, a démenti jeudi avoir sollicité des fonds de Moscou pour financer une campagne présidentielle au Sénégal en 2012, contredisant ce qu’il a pu dire durant l’enquête.
C’est à la demande de son propre avocat, Me Simon Ndiaye, que le Sénégalais de 87 ans, dont les réponses à la barre sont parfois décousues et peu audibles, a tenté de faire une mise au point.
« Est-ce que vous avez demandé aux Russes de financer la campagne? », l’a interrogé Me Ndiaye.
« J’ai 87 ans, je peux encore me regarder cinq minutes dans la glace, je n’ai jamais demandé d’argent à quelqu’un », a répondu Lamine Diack, sans cacher son inimitié pour le sortant de la présidentielle de l’époque, Abdoulaye Wade, finalement battu par l’actuel président Macky Sall.
« Si je devais demander de l’argent aux Russes, je demande à (Vladimir) Poutine, je ne demande pas à (Vitali) Moutko », l’ancien ministre russe des Sports, avec lequel Lamine Diack déjeunait à Moscou, quand les deux hommes auraient évoqué le sujet de la présidentielle sénégalaise de 2012.
Lamine Diack a aussi assuré qu’il n’avait pas soutenu Macky Sall à cette élection.
En garde à vue puis devant le juge d’instruction, il avait pourtant évoqué une demande de financement auprès des russes pour faire battre Wade à cette élection, en échange d’un traitement différé de cas de dopage d’athlètes russes par la fédération internationale d’athlétisme (IAAF). Il avait aussi évoqué la somme d’1,5 millions de dollars, retenue par les juges d’instruction dans leur ordonnance de renvoi pour fonder des poursuites pour blanchiment en bande organisée.
« Il fallait financer notamment les déplacements des jeunes afin de battre campagne (…) J’avais donc besoin de financement pour louer des véhicules, pour louer des salles de meeting, pour fabriquer des tracts dans tous les villages et tous les quartiers des villes du Sénégal », avait-il notamment expliqué, selon l’ordonnance de renvoi des juges d’instruction.
Valentin « Balakhnitchev », alors président de la fédération russe d’athlétisme (ARAF) « faisait partie de l’équipe Poutine et à ce moment-là il y avait des problèmes de suspensions d’athlètes russes à quelques mois des championnats du monde en Russie (de 2013). Moi il fallait que je gagne Dakar. Nous nous sommes entendus. La Russie a financé », avait aussi ajouté Lamine Diack.
AFP