
Le réseau social a dévoilé les noms des vingt personnalités du monde entier qui seront chargées de trancher les cas épineux de modération de ses contenus. Vingt autres membres seront sélectionnés dans les mois à venir.
C’est une petite victoire pour Facebook dans un projet inédit : la plate-forme a réussi à convaincre vingt personnalités, dont certaines assez prestigieuses, de siéger à sa « cour suprême » de modération des contenus. Appelée officiellement « conseil de surveillance », cette structure externe à l’entreprise sera chargée de trancher, a posteriori, les cas les plus épineux de retraits de publications sur le réseau social et sur Instagram. Elle rendra ses premières décisions « avant la fin 2020 ».
Parmi les membres les plus saillants, on trouve Helle Thorning-Schmidt, ancienne première ministre du Danemark et présidente de l’organisation non gouvernementale (ONG) Save the children, qui sera l’une des quatre coprésidents. Mais aussi le Britannique Alan Rusbridger, connu pour son long mandat de directeur de la rédaction du quotidien The Guardian, la Yéménite Tawakkol Karman, Prix Nobel de la paix et militante des droits humains, le Hongrois Andras Sajo, ancien juge de la Cour européenne des droits de l’homme ou l’Américain Michael McConnell, professeur de droit constitutionnel à l’université Stanford, ancien juge et également coprésident de la structure.
Une membre est française : Julie Owono, directrice d’Internet sans frontières, une association et un réseau international de « défense des libertés et droits numériques et de lutte contre toutes les formes de censure sur les réseaux connectés ».
Spécialistes du droit, journalistes…
Facebook et les quatre coprésidents de cette « cour » ont choisi plusieurs profils de spécialistes du droit (Jamal Greene, coprésident, et professeur à l’université Columbia, ou Pamela Karlan, professeure à l’université Stanford…), des journalistes (Endy Bayuni, ex-rédacteur en chef du quotidien indonésien The Jakarta Post…), des spécialistes des droits humains ou des membres du milieu associatif (Catalina Botero Marino, coprésidente et professeur de droit à l’université des Andes, en Colombie, Maina Kiai, ancienne responsable des partenariats de Human Rights Watch et militante au Kenya…), ainsi que d’anciens responsables publics (Emi Palmor, ancien directeur général du ministère de la justice israélien…).
Les vingt membres ont vécu dans 27 pays et parlent 29 langues, se félicite Facebook. Vingt autres membres seront sélectionnés dans les mois à venir.
Ces personnes se réuniront par panels de cinq membres pour trancher en appel des cas contestés par les utilisateurs ou suggérés par Facebook : ils choisiront les cas qui auront un impact sur le plus grand nombre d’utilisateurs, ou ceux susceptibles de changer la politique de modération de Facebook, a résumé M. McConnell. Le réseau social s’est engagé à appliquer toutes les décisions prises sur des contenus précis et à donner une réponse motivée à ses recommandations sur les règles de modération.
Mark Zuckerberg a lancé l’idée de cette « cour » externe en 2018 pour tenter de soulager Facebook d’une partie de la pression médiatique et politique générée par les nombreuses décisions prises sur des contenus : sur les vidéos manipulées, comme celle de la responsable démocrate américaine Nancy Pelosi, sur les publicités d’hommes politiques contenant des fausses informations, sur les « fake news » en général, sur les contenus prônant le suprémacisme blanc, sur les images de nudité… Le réseau social est couramment accusé d’être trop laxiste ou de censurer.
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