Plus contagieux que Delta, Omicron se propage à vive allure. Face à ce variant qui “rebat les cartes”. Dans une étude publiée la veille, l’Institut Pasteur a justement questionné l’efficacité des vaccins ainsi que des traitements par anticorps monoclonaux contre ce variant. Les résultats mettent au jour des données encourageantes, même si des incertitudes persistent.
Pourquoi Omicron inquiète?
“En Afrique du Sud où il a été détecté pour la première fois en novembre, comme au Botswana, NDLR], le variant Omicron a remplacé les autres virus en quelques semaines et est responsable d’une forte montée du nombre de cas diagnostiqués”, notent les chercheurs de l’Institut Pasteur, précisant que “des analyses” menées “dans différents pays indiquent que le temps de doublement des cas est d’environ 2 à 4 jours”.
Preuve de cette fulgurance: Omicron est désormais largement majoritaire dans les nouvelles contaminations aux Etats-Unis, où il représente 73,2% des cas lors de la semaine qui s’est achevée le 18 décembre, selon des données transmises par les autorités sanitaires américaines dans la soirée de lundi. La semaine précédente, le chiffre n’était que de 12,6%.
En France, Gabriel Attal a indiqué ce mardi qu’Omicron représente désormais 20% des cas positifs recensés en France.
Contre Omicron: deux, trois voire quatre doses?
“Les chercheurs concluent que les nombreuses mutations présentes dans la protéine Spike [qui permet au Covid-19 de pénétrer dans nos cellules, NDLR] […] lui permettent d’échapper en grande partie à la réponse du système immunitaire”, souligne l’Institut Pasteur.
La mauvaise nouvelle, c’est qu’en comparaison avec Delta, il faut donc davantage d’anticorps pour lutter contre Omicron (“5 à 31 fois plus d’anticorps pour neutraliser Omicron, en comparaison avec Delta, dans les tests de culture cellulaire”, détaille l’étude).
Deux doses de vaccin ne permettraient pas d’être protégé correctement contre Omicron. En effet, au cours de leur étude, les chercheurs ont constaté “que le sang de patients ayant eu un Covid-19, recueilli jusqu’à 12 mois après les symptômes, ainsi que des personnes ayant reçu les deux doses du vaccin Pfizer ou du vaccin AstraZeneca ne neutralisent quasiment plus le variant Omicron, cinq mois après la vaccination”.
La bonne nouvelle, c’est que le rappel vaccinal semble efficace, comme l’a rappelé le gouvernement. “Les sérums d’individus ayant reçu une 3e dose de rappel Pfizer, analysés un mois après injection, restent efficaces contre Omicron”, notent les chercheurs. “Il faut avoir cette troisième dose pour être protégé contre Omicron, pour être protégé contre les formes graves”, a insisté ce mardi sur BFMTV le directeur adjoint du Centre national de référence des virus respiratoires de l’Institut Pasteur, Vincent Enouf.
Le professeur a toutefois rappelé que la troisième dose, dont la protection est effective “entre une semaine et 10 jours” après l’inoculation, n’empêche pas “d’être porteur du virus” ou “d’avoir une petite symptomatologie” comme “un rhume”, insistant sur le respect des gestes barrières.
La durée dans le temps de la protection de la troisième dose demeure l’une des grandes inconnues de l’étude. Pour le professeur Vincent Enouf, “il est envisageable qu’on soit à nouveau vacciné de manière à remettre à jour notre portefeuille d’anticorps parce qu’on aura soit ce variant, soit un autre éventuellement”.
Reste à savoir s’il faudra quand même de nouveaux vaccins spécifiques pour contrer Omicron. Emer Cooke, directrice de l’Agence européenne des médicaments (EMA), a souligné ce mardi “qu’il n’y a pas encore de réponse à la question”, que ce soit pour Omicron ou bien un éventuel prochain variant. Mais les fabricants de vaccins planchent déjà sur la question, comme l’a rappelé lundi Novavax, dont le sérum Nuvaxovid est le dernier à avoir été approuvé dans l’Union européenne mais qui avait été testé en essais cliniques au moment où les variants Alpha et Beta étaient dominants.
Omicron résiste-t-il aux anticorps monoclonaux?
Si le rappel vaccinal semble assurer une bonne protection contre Omicron et particulièrement les formes graves du Covid-19, il n’en irait en revanche pas de même pour les traitements à anticorps monoclonaux. Au cours de leur étude, les scientifiques de l’Institut Pasteur ont passé au crible neuf de ces anticorps de synthèse “utilisés en clinique ou en phase de développement préclinique”.
Résultat: “six anticorps perdent totalement leur activité antivirale, et les trois autres sont de 3 à 80 fois moins efficaces contre Omicron par rapport à Delta”, démontre l’Institut Pasteur.
Omicron “a acquis une résistance marquée aux anticorps”, commente Olivier Schwartz, coprincipal auteur de l’étude et directeur de l’unité Virus et immunité à l’Institut. “Les anticorps monoclonaux thérapeutiques anti-SARS-CoV-2 disponibles actuellement sont pour la plupart inactifs.”
AFP et Huffingtonpost