Des émeutiers à moins de 30 mètres de Mike Pence. Des assistants parlementaires terrifiés barricadés pendant que les assaillants cherchent Nancy Pelosi. Chuck Schumer forcé de faire demi-tour avec ses gardes pour se mettre à l’abri….
On savait déjà que la démocratie américaine avait été secouée le 6 janvier. Mais mercredi, au second jour du procès en destitution de Donald Trump devant le Sénat américain, des vidéos inédites mélangeant images de vidéosurveillance et des bodycam des policiers, ont montré à quel point.
Entre 14h10 et 14h15. Les premiers émeutiers forcent l’entrée du Capitole. Des supporteurs de Donald Trump chantent « Hang Mike Pence » («Pendons Mike Pence »), qui a refusé d’interférer avec le processus constitutionnel pour compter les votes. Dans un couloir, l’officier Eugene Goodman alerte Mitt Romney de la menace imminente. Le sénateur de l’Utah court se mettre à couvert. « Où est-ce qu’ils comptent les votes ? », hurle plusieurs assaillants. Le policier afro-américain, seul face aux émeutiers chauffés à blanc, les provoque pour les éloigner d’une double porte en bois. Ils ne savent pas qu’elle mène dans l’enceinte du Sénat. De nombreux élus y sont encore confinés. Goodman, un veteran de la seconde guerre d’Irak, les attire vers des renforts. Nancy Pelosi, elle, a déjà été évacuée du Capitole par la police qui « craignait pour sa sécurité », selon les procureurs. Dans une vidéo, des émeutiers la cherchent en chantant « Nancy, où es-tu Nancy ? ».
14h16. Une demi-douzaine d’assistants parlementaires de Pelosi se cachent dans un bureau protégé par deux portes successives. Ils se barricadent en bloquant la seconde porte avec des meubles.
14h23. Des émeutiers arrivent en masse dans le couloir. L’un d’entre eux défonce la première porte mais il fait machine arrière en voyant la seconde.
14h24. Donald Trump tweete : « Mike Pence n’a pas eu le courage de défendre la Constitution ».
14h26. Le vice-président se trouve avec sa famille dans un bureau à moins de 30 mètres des émeutiers. Pence et ses proches descendent un escalier entourés par des agents du Secret service pour rejoindre un lieu secret sécurisé.
14h28. Toujours barricadé, un assistant de Pelosi chuchote pour ne pas qu’on l’entende. Il explique qu’il vient d’envoyer un SMS : « On a besoin de la police dans le couloir. Ils tambourinent à la porte pour trouver » Nancy Pelosi.
14h32. Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, est escorté par quatre gardes – deux devant, un derrière – dans un couloir du Capitole. Ils font demi-tour en courant, la voie n’est pas libre.
14h45. Une dizaine d’émeutiers tentent de forcer une porte vitrée d’un couloir qui mène vers l’enceinte de la Chambre. Des élus sont à proximité. Un homme frappe la vitre avec une batte de baseball. Une voix hurle : « Pistolet, pistolet ! » Un policier a sorti son arme de l’autre côté. Ashli Babbitt, une supportrice de Donald Trump et complotiste de Qanon, tente de grimper par une ouverture. Le policier ouvre le feu et l’abat. Dans la Chambre, les élus, qui ont enfilé des masques à gaz, entendent le coup de feu. « What the fuck », s’exclame une voix. « Enlevez vos pin’s [de députés] », conseille une autre. Pour ne pas être facilement identifiables.
Des milliers de partisans de l’ex-président américain sont désormais devant le Congrès. Des centaines ont pénétré à l’intérieur. La police du Capitole est débordée. Un agent appelle des renforts d’une voix paniquée : « On est encerclé. Remontez à l’étage. Urgence sur le côté Ouest du Capitole. Je répète, on est encerclé. Le cordon de sécurité est rompu. » Un policier est écrasé par des assaillants contre une porte. Il hurle de douleur. Un autre est frappé à coups de crosse et de drapeau à l’effigie de Donald Trump.
16h17. Donald Trump publie une vidéo dans laquelle il appelle ses supporteurs à rentrer chez eux. Mais il le répète : « On nous a volé l’élection. We love you, you’re very special ».
18h01. Le calme est revenu. Donald Trump tweete à nouveau : « Voici ce qui se passe quand on prive des grands patriotes d’une victoire par un raz-de-marée. Souvenez-vous de ce jour à jamais. »
Mercredi, Jamie Raskin, le procureur en chef démocrate l’a assuré : « Donald Trump a commis la plus grande trahison du serment présidentiel de l’histoire des Etats-Unis […] Il doit être condamné et disqualifié (déclaré inéligible) ». Suite de l’audience ce jeudi.
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