L’écrivain et poète libanais Salah Stétié, qui s’est efforcé dans son œuvre de concilier les visions orientale et occidentale du monde et a également mené une carrière diplomatique, est décédé à l’âge de 90 ans, a annoncé, mercredi 20 mai, l’ambassade du Liban en France.
« Un phare littéraire et diplomatique s’est éteint à Paris dans la nuit du 20 mai 2020 », a indiqué l’ambassade sur les réseaux sociaux, saluant un « immense poète et écrivain ». « Il laisse derrière lui une œuvre monumentale de 250 ouvrages, manuscrits, peintures, dessins, photographies et sculptures exposés au musée Paul Valéry à Sète. »
Le poète, installé en France, a même une salle à son nom au musée Paul Valéry depuis 2017. « Nous sommes tous les deux des poètes de la Méditerranée… une des régions les plus importantes dans les enjeux de la guerre et de la paix dans le monde », disait-il.
Grand Prix de la Francophonie
Né à Beyrouth dans une famille de la bourgeoisie sunnite, le 28 décembre 1929, à l’époque du mandat français sur le Liban, Salah Stétié, dont le père était poète en langue arabe, a choisi d’écrire en français.
Resté viscéralement attaché au Liban, qui demeure la source essentielle de son imaginaire poétique, il est aussi l’auteur d’essais, de traductions de poètes arabes ou encore de textes sur l’art. Son essai « Les Porteurs de feu » (1972) a ainsi été une étude approfondie des racines spirituelles du monde arabe, ainsi que de son possible avenir.
Salah Stétié a reçu le Grand Prix de la Francophonie décerné par l’Académie française en 1995 pour l’ensemble de son œuvre.
Il a été lié à un grand nombre d’écrivains du XXe siècle, dont Pierre Jean Jouve, Henri Michaux, René Char ou Yves Bonnefoy.
Une carrière de diplomate
Parallèlement, Salah Stétié a mené une carrière diplomatique : ancien ambassadeur du Liban, notamment aux Pays-Bas et au Maroc, il a aussi représenté son pays à l’Unesco à Paris et été directeur des affaires politiques et secrétaire général du ministère libanais des Affaires étrangères.
« Nous perdons un ami cher qui a œuvré pour la paix et le dialogue des cultures, à partir de sa propre tradition arabe », a commenté sur Twitter la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay.
« J’avais toujours un immense plaisir d’échanger avec ce grand esprit érudit, humaniste et généreux, notamment lors de ses passages au festival Voix vives dont il était président d’honneur », a réagi sur Facebook le maire de Sète, François Commeinhes.
À la tête de l’Institut du monde arabe, Jack Lang a salué la mémoire d’un « amoureux du monde ». « Véritable passeur de paix, de poésie et de culture, cet ambassadeur du verbe ouvrait les portes vers de nouveaux horizons artistiques et diplomatiques. »
AFP et France24