Cela fait quarante jours que le téléphone de Nicolas Mendy sonne inlassablement. Sa famille craint de ne jamais voir le corps de son père, Dionsignou Mendy, rejoindre sa Casamance natale. Le Sénégalais est décédé du Covid-19 à l’hôpital Cochin, à Paris, le 4 avril. Il avait 71 ans. Depuis sa retraite, en 2009, et après plus de quarante ans passés à travailler chez Renault, il faisait la navette entre le Sénégal, où réside l’essentiel de sa famille, et la France, où il venait se faire soigner. Sa dépouille mortelle séjourne désormais dans un funérarium de Seine-Saint-Denis. Pour Nicolas, pas question de l’inhumer ici : « Dans notre ethnie, les Manjaks, il est très important d’être enterré là d’où l’on vient. Et c’était sa dernière volonté. »
Depuis le mois de mars, des centaines de familles d’origine africaine vivant en Europe devant faire face à la tragédie du Covid-19 doivent aussi absorber un flot d’informations contradictoires et affronter nombre de complications administratives. Et les VIP eux-mêmes n’échappent pas à ces tracasseries, comme le prouve le cas de Jacques Joachim Yhombi-Opango, l’ex-président congolais. Décédé à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, le 30 mars, il n’a pas pu être rapatrié à Brazzaville, et a dû être inhumé « provisoirement » en banlieue parisienne.
Des problèmes comparables se sont posés pour le musicien congolais Aurlus Mabélé, mort à Paris le 19 mars, l’ancien international de football somalien Mohamed Farah, qui s’est éteint à Londres le 24 mars, ou encore pour l’évêque kényan Silas Silvius Njiru, décédé en Italie à la fin d’avril. Ainsi que pour l’ancien Premier ministre somalien Nour Hassan Hussein, qui résidait à Londres, ou pour son homologue togolais, Edem Kodjo, mort à Neuilly.
JeuneAfrique