Dans cette église évangélique de la région parisienne, la pasteure Claudia Nguesso arrive en voiture de luxe et prêche la parole de Dieu vêtue de créations de grands couturiers. Micro à la main illuminée par des bagues portant diamants, collier en or avec une croix chrétienne sertie de pierres précieuses, la très chic « révérende » gabono-canadienne revisite l’Evangile à sa guise.
« La vie d’abondance, ce n’est pas seulement avoir beaucoup d’argent, c’est de vivre en paix. Amen !
Au rez-de-chaussée d’un immeuble cossu de Courbevoie (Hauts-de-Seine), siège de son association française Jésus-Christ source d’eau vive, quelques dizaines de fidèles l’écoutent religieusement en rêvant. « La vie d’abondance, ce n’est pas seulement avoir beaucoup d’argent, c’est de vivre en paix. Amen !, dit-elle dans l’un de ses prêches de la fin d’année dernière. Quand ça ne va pas, il faut venir à l’église. Amen ! La vérité vous rendra libre. »
Pour son association cultuelle créée en France il y a un peu plus de trois ans, Claudia Nguesso n’a pas vraiment de difficultés financières. La quadragénaire perçoit étrangement de l’argent d’une entreprise parapublique du Congo-Brazzaville, selon une note de la cellule de renseignement financier Tracfin consultée par Le Monde.
Depuis octobre 2017, le loyer du local de Courbevoie, soit plus de 177 000 euros, a été réglé par la Société congolaise de transports maritimes (Socotram), dont le siège se trouve à Pointe-Noire. Dans cette ville portuaire et pétrolière du sud de ce pays d’Afrique centrale se trouve également la maison mère de l’église Jésus-Christ source d’eau vive. Le richissime époux de Claudia Nguesso y officie lui aussi comme pasteur.
« Sauver les âmes en vulgarisant l’Evangile »
Il s’appelle Wilfrid Nguesso, est pilote d’hélicoptère de formation et neveu du président congolais, Denis Sassou-Nguesso, qu’il soutient à travers son église et son micro-parti politique. Il dirige depuis 2006 la Socotram, dont l’Etat congolais est actionnaire minoritaire (45 % des parts). Des beaux quartiers de Pointe-Noire ou du VIIIe arrondissement de Paris, où se trouve le bureau de la représentation française, il gère cette entreprise comme son empire privatisé, à des fins politiques mais surtout pour financer son train de vie somptueux.
Lemonde