
Les malheurs de WhatsApp font le bonheur des applications concurrentes, grandes et petites. Depuis que la plateforme aux 2 milliards d’usagers a annoncé, en janvier, qu’elle s’apprêtait à changer ses conditions générales d’utilisation, des millions de personnes ont migré vers des messageries alternatives comme Signal ou Telegram. En Afrique, les jeunes pousses en ont également profité. Et au Cameroun, les internautes sont de plus en plus nombreux à échanger sur des applis locales.
OnDjoss, qui signifie « on échange » ou « on discute » en argot camfrançais, est ainsi passé de 90 000 à 150 000 abonnés depuis le début de l’année. Du côté de la messagerie Mbuntu (« ensemble nous sommes plus forts ») et de son réseau social, Dikalo, l’audience a augmenté de 95,8 %, atteignant près de 235 000 utilisateurs en Afrique et dans le monde.
Envoi de messages écrits, audio et vidéo de plusieurs gigaoctets, groupes de discussion pouvant accueillir 500 personnes et plus, stickers représentant les cultures africaines… Ces messageries sont taillées pour le marché local. Marius Moifo Fonkou, doctorant en histoire à l’université de Dschang (ouest), a découvert OnDjoss en septembre 2020. « Patriotisme oblige », l’universitaire et cinq de ses confrères s’y retrouvent régulièrement dans « Gt Gouvernance », un groupe de discussion où ils dissèquent leurs travaux de recherche sur la décentralisation et la gouvernance locale.
Des serveurs en Allemagne
« Joli décor », « bonne ergonomie », « des fichiers image ou vidéo qui ne pixélisent pas »… Marius Moifo Fonkou ne tarit pas d’éloges sur l’appli. Une chose pourtant le chiffonne : il craint que ses « données se retrouvent ailleurs ». « Aucune garantie n’existe à ce sujet », abonde Salomon N., un autre utilisateur d’OnDjoss, basé à Yaoundé. La question est pourtant cruciale.
Interrogé par Le Monde Afrique, Valère Tchapda, un des cofondateurs de l’appli, assure qu’OnDjoss a été « développé avec des algorithmes de chiffrement assez performants ». « Les communications sont cryptées et sécurisées », ajoute-t-il. Des personnes qui ne se connaissent pas ne peuvent pas voir les numéros des uns et des autres. Mais comment être certain que rien ne filtre ailleurs ? Valère Tchapda répond que les serveurs d’OnDjoss se trouvent en Allemagne, son pays d’adoption, « hors de portée de tous ».