Le célèbre radiotélescope d’Arecibo sur l’île américaine de Porto Rico, utilisé par les astronomes du monde entier et qui avait permis de découvrir les premières planètes en orbite autour d’une autre étoile que le Soleil, s’est effondré ce mardi 1er décembre après 57 ans de service. “La plateforme s’est écroulée de manière non planifiée”, a expliqué Rob Margetta, porte-parole de la Fondation nationale des sciences américaine qui finance l’observatoire.
Deux câbles soutenant les 900 tonnes des instruments du télescope sur une plateforme au-dessus de la parabole de 305 mètres de diamètre ont rompu le 10 août et le 6 novembre, pour une cause inconnue. La chute des câbles avait troué la parabole.
Le télescope avait ensuite été jugé trop instable et non-réparable, et l’institution avait pris la décision de démolir la structure. Les accès étaient interdits depuis dans la crainte d’un effondrement soudain, ce qui s’est finalement produit peu avant 8 heures, heure locale, ce mardi 1er décembre.
“C’est un désastre absolu”, a réagi, ému, le professeur Abel Méndez, directeur du laboratoire habitabilité planétaire de l’université de Porto Rico à Arecibo. “Nombre d’étudiants se formaient à l’astronomie dans l’observatoire, c’est ce qui leur donne l’inspiration de faire une carrière en sciences ou en astronomie, comme moi”, poursuit le professeur Méndez.
Tous les astronomes de la planète pouvaient demander une portion de temps du radiotélescope pour faire leurs observations, à distance. “Même de Chine”, dit Abel Méndez. Contrairement aux télescopes optiques, les radiotélescopes fonctionnent jour et nuit, même par temps couvert.
“Icône de notre île”
Arecibo était aussi un des principaux radars pour observer les astéroïdes s’approchant de la Terre dans le cadre du programme de défense planétaire de la Nasa. L’agence spatiale américaine a accès à au moins un autre radar, mais moins puissant.
C’est aussi un triste symbole de la dégradation de la situation sur le territoire américain, en quasi-faillite, durement frappé ces dernières années par des ouragans et dont les infrastructures tardent à être reconstruites. Même si on ignore à ce stade la cause de la rupture des câbles.
“La perte d’Arecibo est une grande perte pour le monde, mais encore plus pour Porto Rico. C’est une icône de notre île”, se lamente Abel Méndez.
Il y a 44 ans, le 16 novembre 1974, Arecibo, envoyait un message dans l’espace. Le but était surtout de démontrer les capacités époustouflantes de cet objet, resté le plus grand de sa catégorie jusqu’en 2016. Mais ce message constituait également “une tentative de contacter une intelligence extraterrestre”.
Arecibo était si mythique qu’une scène d’action du film de James Bond, “GoldenEye”, s’était déroulée au-dessus du télescope. Il était aussi le lieu du film “Contact”, dans lequel une astronome jouée par Jodie Foster utilisait l’observatoire dans sa quête de signaux extraterrestres.
Le radiotélescope était l’un des plus grands au monde. En 1992, c’est grâce à lui que les premières exoplanètes, hors du système solaire, avaient été découvertes. Les premières cartes de la surface de Vénus ont été réalisées grâce à lui.
Les astronomes savaient depuis plusieurs semaines que la liste des découvertes astronomiques d’Arecibo ne s’allongerait plus. Beaucoup partageaient leur tristesse mardi sur Twitter. “Merci pour ton service, mon frère”, a tweeté son confrère, de l’autre côté de l’Atlantique, le télescope de Grande Canarie.
AFP et Huffingtonpost