
« Les affaires reprennent, et il était temps! »: les rues de Lagos, ville la plus peuplée d’Afrique subsaharienne, grouillaient à nouveau de monde lundi et ses habitants se disaient « soulagés » après un confinement d’un mois qui a asphyxié l’économie nigériane.
La veille encore, la mégapole économique était une ville fantôme, triste et silencieuse. Mais dès les premières lueurs du jour, entre les klaxons énervés et les harangues des commerçants, la ruche de 20 millions d’habitants s’est très vite animée, revenant soudain à la vie comme après un mauvais rêve.
A chaque coin de rue, les petits vendeurs de boissons, de légumes et de viande grillée avaient repris place derrière leurs glacières et leurs bidons fumants tandis que les files de voyageurs s’allongeaient sur les parkings pour aller au travail.
Face à la pression sociale, après les violences et les pillages qui avaient émaillé ces dernières semaines, le gouvernement a décidé s’assouplir les mesures et de n’imposer qu’un couvre-feu de 19 heures à 6 heures du matin.
Dans ce pays où plus de 80 millions d’habitants – sur un total de 200 millions – vivent sous le seuil de l’extrême pauvreté, et où l’on dépend surtout du secteur informel pour survivre, la faim se faisait cruellement sentir.
« Nous étions tellement impatients, aujourd’hui est un jour magnifique! », se félicite Adewale Oluwa, qui vient de rouvrir son échoppe de fruits et légumes, et regarde avec délectation les billets de 500 nairas (1,17 euro) passer de main en main.
Dès 10h du matin, ses clients sont au rendez-vous et les retrouvailles se font dans les éclats de rire. « Nous avons subi de très grosses pertes car nous vendons des denrées périssables et nous avions du fermer totalement », dit le jeune patron en agençant soigneusement de belles tomates fraiches sur ses étals colorés.
– « Nourrir ma famille » –
Les gares routières avaient également retrouvé leur bouillonnement habituel: les conducteurs de mini-bus interpellaient joyeusement les clients, mais cette fois, avec un masque pour protéger leur visage.
« Nous venons de traverser un mois de faim et de peine. Maintenant je peux à nouveau gagner de l’argent et nourrir ma famille », se réjouissait Ganiyu Ayinla, en faisant monter les passagers dans son « Danfo », ainsi que sont surnommés les minibus jaunes à Lagos.
AFP