Plus dure sera la chute. Le gouverneur de l’Etat de New York a de nouveau refusé vendredi de démissionner, malgré un torrent d’appels en ce sens venus notamment de poids lourds de son propre camp démocrate, après de multiples accusations de harcèlement sexuel et d’attouchements à son encontre. « Je ne démissionnerai pas », a déclaré Andrew Cuomo lors d’un point presse téléphonique, assurant, comme la semaine précédente, « n’avoir pas fait » les choses dont il a été accusé par six femmes, successivement, depuis la fin février.
Mais, quelques heures après ses déclarations, les appels à la démission ont redoublé : le puissant chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, élu de l’Etat de New York, a à son tour estimé que Cuomo avait « perdu la confiance de ses partenaires de gouvernement et des New Yorkais » et devait démissionner, dans un communiqué commun avec l’autre sénatrice de l’Etat, Kirsten Gillibrand. Et les témoignages de deux nouvelles femmes ont émergé, faisant part de leur malaise face au comportement selon elles inapproprié du gouverneur.
Héros déchu
En deux semaines, la chute de ce gouverneur de 63 ans, qui passait pour beaucoup pour un héros de la lutte contre la pandémie en 2020 et que certains poussaient alors à briguer la Maison Blanche, est vertigineuse. Lui qui dirige l’Etat de New York depuis 10 ans a encore une fois vendredi appelé à ne pas le condamner dès maintenant, et à « attendre les faits » – autrement dit les résultats des enquêtes annoncées sur ces allégations.
Fidèle à sa réputation d’homme coriace, il s’est défendu avec vigueur, assurant que les allégations contre lui étaient « fausses » et laissant entendre qu’il était une nouvelle victime de la « cancel culture » qui fait rage aux Etats-Unis. Ce mouvement, raillé par de nombreux républicains, pousse au retrait de la sphère publique d’oeuvres ou de personnalités jugées coupables d’abus ou discriminations contre les minorités sexuelles ou ethniques.
Procédure de destitution
Le gouverneur, dont le troisième mandat n’expire qu’en 2022, a donné l’impression qu’il ferait tout pour éviter la démission et continuer à gouverner l’Etat de New York. Contrairement à d’autres hommes de pouvoir – Donald Trump étant une exception particulièrement notoire – qui ont jeté l’éponge après des accusations de harcèlement ou d’agressions sexuelles, avant les résultats d’éventuelles enquêtes.
Peut-il tenir face à une pression qui s’accentue d’heure en heure depuis mercredi ? C’est ce jour-là qu’une sixième femme, une de ses employées, a émis les accusations les plus graves à ce jour, en l’accusant d’avoir mis la main sous son chemisier fin 2020, dans sa résidence officielle.
Deux nouvelles femmes se sont ajoutées vendredi aux six premières. Une ancienne journaliste qui couvrait le gouverneur l’a accusé de gestes inappropriés, notamment en 2012 et 2014, visant selon elle à l’humilier. Et une autre ex-employée du gouverneur, identifiée uniquement par le prénom Kaitlin, a raconté au New York Magazine combien il l’avait mise mal à l’aise.
Depuis mercredi, les élus démocrates du parlement de New York, majoritaires, étaient déjà de plus en plus nombreux à réclamer sa démission. Vendredi matin, c’était au tour d’influents élus démocrates new-yorkais de la Chambre des représentants de réclamer le départ du gouverneur, dont la star de l’aile gauche, Alexandria Ocasio-Cortez, et le vétéran représentant de Manhattan, Jerry Nadler.
S’il devait continuer à s’accrocher, seule une procédure de destitution semble pouvoir l’obliger à partir contre son gré. Une telle procédure, sans précédent dans l’Etat de New York depuis 1913, requiert une majorité simple à la chambre basse et les deux-tiers à la chambre haute.
AFP et 20minutes